dimanche 1 septembre 2013

Critique : Psychanalyse des contes de fées ~ Bruno Bettelheim


Qui a dit que s'instruire n'était pas amusant ? Les contes ne seraient que pour les enfants ? (Re)découvrez les grands classiques de votre enfance sous un autre jour !





Résumé :

Bruno Bettelheim (1903 – 1990), analyste émérite, nous propose dans sa Psychanalyse des contes de fées (1976) une interprétation des contes les plus connus de notre enfance mais aussi de bien d'autres générations, et ce, depuis la nuit des temps. Il est amusant de voir que toute cette joyeuse ribambelle de contes et légendes en tout genre que les parents lisent à leurs enfants parlent de thèmes aussi puissants que troublants que sont la sexualité et l'inceste.

Du téméraire Jack et le haricot magique à la douce Blanche Neige : petit focus sur une œuvre incontournable !



Fiche Technique :


Titre : Psychanalyse des contes de fées
Auteur : Bruno Bettelheim
Genre : Essai, Psychologie
Public : Public adulte

Éditeur : Pocket
Date de Parution : Septembre 1999
Nombre de pages : 476
Format : 17,6 x 10,8 x 2,4 cm
Prix : 9,10 €
ISBN : 978-2-266095-78-5





Mon Analyse :

Un essai riche en intertextualité !
Il est captivant de constater que l'essayiste ne se cantonne pas à son unique point de vue mais n'hésite pas à multiplier les références pour soutenir ses propos. Ainsi Freud est invité à partager le joyeux festin de Charles Perrault et des frères Grimm, dans un décor digne des Mille et une Nuits. Mais d'autres origines des contes de fées sont invoquées tels les divertissements de Basile ou d'autres légendes de chaque recoin de la planète. Disney n'est rien à côté du folklore et du pouvoir imaginatif des conteurs. Sur ce point, l’œuvre de Bettelheim se présente comme une véritable bibliothèque, une véritable caverne d'Ali Baba où il est possible à chacun d'y puiser les bonnes sources pour un enrichissement culturel conséquent.

Les contes sous un nouveau jour !
Il est amusant et intéressant – n'oublions pas qu'il faut s'instruire ! – que des détails anodins mais récurrents de la féerie s'avèrent être en réalité des faits bien concrets dans l'éducation des enfants. Croquer dans une simple pomme serait devenir suffisamment mâture pour l'acte sexuel ? – Oh vilaine Blanche Neige ! – Se piquer le doigt en cousant serait un avertissement contre la menstruation ? Le haricot géant ne serait qu'une nette allusion à l'organe sexuel de l'adolescent ? – Eh bien c'est qu'il a grandit le petit Jack ! – Et cetera !
A travers les héros qu'il adore, l'enfant est amené à grandir sereinement. Le conte lui fournit les fantasmes dont il a besoin, et Bettelheim nous explique toutes les ficelles de l'art du conteur.

Une vision psychanalytique contestable …
Bon, avouons-le, les explications sont parfois un peu tirées par les cheveux. On retrouve en fait toute la complexité des théories freudiennes. Le ça, le moi et le sur-moi répondent à l'appel dans chaque explication tandis que les éternelles tensions œdipiennes ne demeurent pas non plus en reste. Cendrillon veut séduire son père ! Sous le poids de la culpabilité, elle rejette sa frustration sur ses sœurs. Que de liaisons pour en arriver à expliquer la rivalité fraternelle …



 Mon Avis :


Dans tous les cas, le travail de Bettelheim reste plus que louable, puisqu'il a le mérite d'interpréter cette multitude de contes et fables qui ont bercé et berceront encore bien des générations. Que ce soit en freudien convaincu, pour rire, ou par simple curiosité, la Psychanalyse des contes de fées, ou tout du moins l'explication d'un conte en particulier, saura heurter l'individualité de chacun et plaire, amuser ou encore instruire.
A tenter pas à pas !



Ma citation favorite :

« On peut dire que si le loup ne dévore pas le Petit Chaperon Rouge immédiatement, c'est parce qu'il veut d'abord être au lit avec elle : elle ne sera "dévorée" qu'après ce rapport sexuel. Bien que la plupart des enfants n'aient jamais entendu parler des couples d'animaux dont l'un des partenaires est destiné à mourir au cours de l'acte sexuel, ces aspects destructifs sont très vivaces dans l'esprit inconscient et conscient de l'enfant à tel point que, pour la plupart des enfants, l'acte sexuel est un acte de violence commis par l'un des partenaires sur l'autre. »


Autres ouvrages ~
  • La Forteresse vide, NRF Gallimard, 1969
  • Les Enfants du rêve, Robert Laffont, 1971
  • Dialogue avec les mères, Robert Laffont, 1973
  • La lecture et l'enfant, Robert Laffont, 1983
  • Pour être des parents acceptables, Robert Laffont, 1988


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